L’hiver, ça travaille sous nos pieds !


mulch-permaculture

 Nous vous proposons ici nos articles qui viennent de paraître dans la revue YOYO de Décembre/Janvier

 L’hiver marque la fin des travaux au jardin, le signal d’un repos pour tout le monde. Et pourtant, c’est bien là que le sol va trouver ce temps nécessaire pour se revitaliser. Pour peu qu’on l’y aide, on retrouvera à l’approche du Printemps, une terre incroyablement riche, grouillante de vie et pleine de promesse.

On ne remettra pas en question ici les fondements millénaires de l’agriculture classique et des gestes aussi simples et si couramment effectués que bêcher ou labourer, mais on se contentera d’évoquer des alternatives plus douces dont l’objectif revient avant toute chose à préserver un sol vivant, à nourrir la terre plutôt que ses cultures.

Le bêchage sans retournement du sol

La méthode est de plus en plus usitée en culture biologique avec l’emploi de la « Grelinette » ou « l’aérabêche ». Contrairement au traditionnel bêchage ou l’emploi répété du motoculteur, il s’agit là de juste remuer en profondeur la terre sans la retourner. Épargnées d’un bouleversement trop important, les couches ne sont pas mélangées, la faune microscopique ne subit quasiment aucun dérangement et peut ainsi continuer son rôle de transformation et d’amélioration du sol. Mélanger cette couche supérieure, plus riche en matière organique aux couches inférieures, induirait une dilution des éléments nutritifs. Sans compter l’éventualité, même à des profondeurs raisonnables, de ramener à la surface ces fameuses argiles lourdes, ou tout simplement une quantité importante de pierres pour les terrains dont le sous-sol proche est caillouteux.
Avantage non négligeable, cette pratique est beaucoup moins fatigante que le classique bêchage. Pour un effet d’aération et de décompactage équivalent, le temps passé est nettement moins important et l’ effort bien plus facile à fournir. Néanmoins, l’aérabêche ou la grelinette ne permettent pas d’enfouir rapidement les restes de culture, des engrais verts ou amendements. Par la suite, un passage au croc sera nécessaire pour faire ce travail d’enfouissement et émietter la surface.

Les méthodes sans labour ni bêchage

L’idée simple et pourtant révolutionnaire, est qu’un terrain pour qu’il soit dans les meilleures conditions possibles ne doit être travaillé qu’au minimum. La nature nous en faisant elle-même la démonstration : les meilleurs sols sont ceux des forêts. Jamais retournés, jamais tassés par un quelconque cultivateur, ils sont maintenus couvert en permanence par les déchets végétaux : feuilles mortes, écorces, résidus de bois morts, cadavres en décomposition etc. Ils sont alors soumis à une intense vie animale et bactérienne de transformation de cette énorme masse de matière.
Il faudrait donc tendre en faire de même dans son jardin.

                                                                 Couvrir le sol du potager

  • les engrais verts

Comment ameublir un terrain, forcément soumis au tassement par le simple fait de cultiver et commentles engrais verts éviter que sans un bêchage de fond que l’herbe ne réhenvahisse l’espace de culture ? Là encore une réponse possible repose sur l’observation de l’écosystème de la forêt. En effet, une forêt développée n’est pas envahie : la place est déjà occupée.
C’est ce à quoi il faudrait arriver dans nos jardins et pour cela le jardinier va se reposer sur des alliées naturelles : les engrais verts. Du seigle à la moutarde, en passant par la luzerne et autres trèfles, il y en a pour toutes les saisons, toutes les natures de terrain.

A elles de couvrir le terrain pour éviter que d’éventuelles adventices malvenues s’implantent. A elles d’enrichir le sol quand elles seront fauchées puis laissées se décomposer avant d’être enfouies superficiellement. A elles encore d’ameublir le sol en douceur et en profondeur à l’aide de leurs systèmes racinaires souvent puissants. Sans oublier qu’une fois fauchées, elles seront une vraie invitation, un vrai festin pour la faune du sol, qui s’empressera à le rendre rapidement assimilables par les cultures qui suivront !

  • La bâche plastique

Moins naturelle, sans pouvoir nourrissant pour le sol, mais nettement plus facile à mettre en place que les engrais verts, on peut se procurer dans les magasins de fourniture de matériel agricole, soient d’épaisses bâches noires destinées à couvrir le maïs d’ensilage ou les stocks de paille et de foin, soient des bâches de paillage tissées. Certes peu esthétiques, elles présentent 4 avantages ; Elles protègent le sol de l’érosion et du lessivage, elles préservent un sol souple et humide très propice à la présence des vers de terre, maillons indispensables de la chaîne alimentaire et garants d’une terre fertile. Privées d’air et de lumière, une bonne partie des adventices, trop souvent déclarées comme mauvaises herbes, n’y survivront pas. Et enfin, elle favorisera plus rapidement un réchauffement du sol.

  • Les matériaux divers

 On peut aussi tout simplement couvrir le sol avec…ce que l’on a. Chacun aura bien sûr ses avantages et inconvénients . Certains paillages peuvent par exemple être balayés au premier coup de vent et demander à être maintenus en place, d’autres se décomposeront mal et devront être ôtés puis compostés avant la mise en culture. Mais tous auront l’avantage d’éviter que le sol ne soit soumis au lessivage. Vous pouvez alors, et cette liste n’est pas exhaustive, étaler vos tailles de haies, coupes d’élagage, tas de pailles, de tontes, vieux cartons, mais aussi les déchets de cuisine, les épluchures qu’on recouvrira d’un peu de paille pour l’esthétique. Ce qui équivaut à un compostage en surface. Pensez à ôter le paillage au sortir de l’hiver quand le sol commence à se réchauffer. L’isolation se fait dans les deux sens, et une couverture trop longtemps en place empêche le réchauffement de la terre.

compostage en surface

Au jardin, au potager, prendre soin de la terre, nourrir le sol, qui lui va nourrir les plantes, est une démarche essentielle, elle nous fait prendre conscience que le sol est une entité vivante et non un simple support.

  •  Le BRF (Bois Rameal Fragmenté)

mycélium et BRFParmi les couvertures du sol, on entend de plus en plus parler de BRF. Révolution agronomique pour certains, il s’agit d’apporter directement au sol de jeunes rameaux de feuillus broyés, issus de la taille de haies ou d’élagage. Tout se passe comme si on reproduisait, en les accélérant, les processus forestiers. Bien plus qu’un couvert, on prête au BRF la capacité de produire rapidement une quantité importante d’humus, d’améliorer très nettement la structure des sols, de réduire grandement les besoins en eau, le désherbage, les maladies et les ravageurs…Si à cela, on ajoute qu’il est une promesse rendements accrus avec des effets prolongés sur trois ans, on a là un véritable or vert qui a fait ses preuves dans des conditions parfois extrêmes.

Mais le BRF répond à des règles assez précises, même si il fait encore l’objet de nombreuses discussions. Il est avant tout question d’un broyat frais (ou copeaux) de rameaux et petites branches vertes d’un diamètre inférieur à 7 cms avec ou sans feuilles, issues essentiellement d’arbres feuillus. Les résineux, les conifères doivent rester très minoritaires dans ce mélange qui est destiné à être appliqué au sol très rapidement pour rester actif. Le processus de décomposition de ces éléments végétaux fait appel à l’activité animale, microbienne et cryptogamique (champignons) pour reconstituer des sols structurés et enrichis en humus stable. Cet épandage de 3 à 5 cms d’épaisseur, ce pratique plutôt en hiver, période privilégiée pour la taille de ces feuillus en dormance (charme, chêne, hêtre, tilleul, peuplier, noisetier, bouleau, tremble, érable, platane, châtaigner, etc.). A cette saison les bourgeons sont déjà formés, les feuilles en devenir protégées par leurs écailles sont assoupies et ces rameaux constituent la partie la plus riche de l’arbre.

Reste encore à pouvoir se procurer ou produire cette manne. Acheter ou mutualiser un broyeur de bonne qualité, connaître un élagueur qui pourra vous garantir la qualité de son broyat, surveiller les campagnes de broyage de déchets verts dans la déchetterie de votre commune sont quelques pistes. A vous de trouvez la votre !

2 conseils de lecture pour débuter son BRF : « BRF vous connaissez ? », Dupéty J & Bertrand B (2007), Editions de Terran et « De l’arbre au sol, les BRF », Asselineau E & Domenech G (2007)

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La grelinette est un outil de jardin inventé par André Grelin Cette invention permet d’ameublir la terre sans la retourner, contrairement à une bêche, en préservant ainsi l’écosystème du sol. Ceci en fait donc un outil privilégié en agriculture biologique. Basé sur le principe du levier, cet outil permet un travail efficace et rapide avec un minimum d’effort.

 

 

 

 

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