Graines de résistance


Article paru dans Le Mag des Parents Printemps 2020 (Les Pimprenelles/C Casacoli)

Preuve si il en est que le domaine des semences est un enjeu capital, le bras de fer que se livrent les forces de l’industrie agro-alimentaire qui tentent de s’approprier un patrimoine végétal et de verrouiller un marché, et un combatif réseau plus ou moins formel de collectifs, d’associations, d’organismes défendant des pratiques paysannes de conservation, la préservation, la sélection et l’échange de semences paysannes accessibles aussi aux jardiniers. Parmi ces acteurs militants, émerge le Réseau Semences Paysannes qui regroupe paysans, jardiniers, artisans semenciers, arboriculteurs amateurs, transformateurs (meunier, boulanger…), animateurs, chercheurs, formateurs et mangeurs militants.

KOKOPELLI

En rupture avec ce dernier, l’incontournable association Kokopelli, s’est engagée depuis longtemps en faveur des semences biologiques libres de droits et reproductibles. Applaudie par beaucoup qui la voit comme un fer de lance, décriée à tort ou à raison par d’autres, quoi qu’on puisse penser d’elle, il faut lui reconnaître d’avoir porter la voix d’un combat, d’une alternative qui se joue hélas un peu trop souvent dans les tribunaux.

A ce jour, la valse des décisions concernant la vente libre des semences n’en finit plus. Pour exemple, la très récente censure appliquée par le Conseil Constitutionnel à la loi promulguée par l’Assemblée Nationale en Octobre dernier autorisant de la vente des semences anciennes. Une décision qui met hors la loi bon nombre de catalogues et de grainetiers.

Kokopelli comme bien d’autres enseignes proposent de riches catalogues de semences potagères, paysannes, biologiques, reproductibles s’appuyant sur un large réseau de producteurs. Un réseau qui contribue à la persistance d’une biodiversité végétale et résiste à la privatisation d’un patrimoine universel.

Choisir ses graines dans ces catalogues participerait donc à cette résistance, à ce cercle qui se veut vertueux à la seule et unique condition de s’inscrire totalement dans une mode de culture respectueuse de la nature et basé sur l’échange.

La graineterie traditionnelle: l’exemple d’un métier, d’un savoir-faire

Autre manière de militer pour des semences de qualités, le métier de grainetier répond à une réelle attente. Gérard Sardaillan, fondateur de La graineterie traditionnelle en est un bel exemple.

Du cousu main pour les jardiniers ( Extrait de l’article de Isabelle Cordier paru dans le lien horticole)

Portée par la tendance vrac et une certaine idée des métiers d’autrefois, une graineterie renaît grâce à Internet. L’aventure commence en 2013, à Mallemort dans les Bouches-du-Rhône. Gérard Sadaillan quitte ses fonctions de chef des ventes d’un groupe semencier pour faire revivre son métier de grainetier traditionnel. Pour lui, la vente en vrac, à la pesée, est une évidence pour satisfaire chaque jardinier. Il se lance alors dans le commerce de graines pour les particuliers, sur le Web et sur les salons. Une démarche qu’il qualifie d’écoresponsable, grâce à un grammage adapté aux différentes variétés en fonction de leurs usages, des saisons et des régions.

Le stand La graineterie.com lors de la dernière édition de Jardin d’Automne

Il signe ainsi le retour d’une activité d’autrefois, en s’appuyant sur les producteurs français ou européens de semences à la qualité assurée, et dont les lots bénéficient d’une totale traçabilité. En effet, il connaît personnellement chacun d’entre eux et son savoir-faire, qui découle de 30 ans d’expérience dans le métier, lui permet de conseiller chaque client en fonction de son projet.

228 variétés de plantes

Ma Graineterie propose 228 variétés de fleurs, plantes potagères, fruitières, aromatiques, légumes secs, engrais verts ou encore mélanges spéciaux, toutes inscrites au catalogue officiel et préconisées pour les jardins familiaux. Ces semences certifiées sont en outre « issues de variétés traditionnelles, anciennes et reproductibles, c’est-à-dire de la sélection massale, au moins présentes depuis 50 ans dans la région de référence et non issues d’hybride F1 pour éviter la dégénérescence », précise Gérard Sardaillan.

Leur ensachage en papier kraft recyclable est réalisé artisanalement par Gérard Sadaillan, à la main, dans son atelier près de Salon-de-Provence. Les paquets sont ensuite étiquetés selon les recommandations du groupement national interprofessionnel des semences et plants (GNIS). L’activité est saisonnière. Il sillonne donc la France de février à octobre, présent au contact direct des clients pendant douze week-ends de printemps et huit d’automne sur les fêtes des plantes et les salons. Toutefois, le chiffre d’affaires est aussi assuré via le site Internet avec une progression égale sur les deux circuits, aussi bien pour la clientèle de particuliers que pour celle des associations de jardins partagés.

Optimiste pour le marché des semences, Gérard Sadaillan constate que de plus en plus de jardiniers récoltent leurs propres graines pour les semer, créant ainsi un vivier de passionnés, qui au final, avec le temps, s’avèrent d’excellents clients, tant pour son activité que dans les circuits spécialisés jardin. Ma graineterie.com

La guerre des graines le film à voir !

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