Piége à frelon asiatique, il y a une autre solution 1


frelon asiatique et européen Alors que les frelons asiatiques continuent de tuer les abeilles, les apiculteurs mettent au point des pièges ingénieux. Mais à défaut de les tuer, ces dispositifs favorisent la survie des frelons les plus costauds.

 A moins de trois semaines du printemps, les piégeurs affûtent leurs armes. Dans leur ligne de mire, le frelon asiatique, déclaré ennemi public n°1 par nombre de communes touchées par cet hyménoptère venu de Chine, soupçonné de décimer les colonies d’abeilles et terrorisant les propriétaires de jardins.

 Le modèle, une bouteille en plastique agrémentée d’une languette en carton est promue par des associations qui haranguent les foules en appelant à l’élimination de Vespa velutina, nom savant de la bestiole. En la matière, hélas, crier au frelon ne sert strictement à rien.

nid frelon asiatique La vie trépidante et belliqueuse de la frelonne y est pour beaucoup. Les femelles sexuées et fécondées à l’automne, destinées à devenir reines, sont les seules à survivre pendant l’hiver. Au printemps, ce sont elles qui, sortant de leur léthargie et de leur cachette saisonnière, fabriquent un nid, généralement dans un arbre, puis y pondent et reconstituent une colonie. Et quel nid  ! Composé de différentes galettes de papier mâché, il peut atteindre jusqu’à 1 m de haut et 80 cm de diamètre. Un nid produit 13 000 individus entre avril et décembre, avec un maximum de 2 000 individus présents au mois d’octobre, et au moins 550 femelles sexuées, celles qui assureront la descendance l’année suivante.

 Elles partent par vagues successives à l’automne et, quand on connaît sa capacité de dispersion de 60 kilomètres, il est clair qu’aucun piégeage ne peut freiner ce front d’invasion.

Le piège des pièges

  Le piégeage de printemps favorise la survie des reines en les privant de batailler à mort contre leurs congénères prises dans le guêpier. Explications  : 95% des frelonnes ne survivent pas à l’hiver. Sur celles qui restent en vie au printemps, 95% meurent à leur tour en combat singulier avec leurs sœurs et cousines.

 Elles essayent de voler le nid qu’a commencé à préparer une autre et se bagarrent pour cela. C’est un système de régulation naturelle : plus il y a de reines présentes, plus la mortalité est élevée, si l’on en piège certaines, on libère le terrain pour d’autres qui n’auront même pas à se battre.

 La seule solution pour se débarrasser du frelon asiatique qui colonise désormais 70% du territoire français, serait de tuer toutes les reines, sans exception. Mises à part les questions morales, les chances de réussites sont faibles.

 En tout cas, pour l’instant, les pièges utilisés attrapent beaucoup d’insectes, mais très peu de frelons.

L’impact des pièges

 En 2010, en Vendée, un syndicat agricole, a coordonné 400 pièges répartis sur le département. Résultat:  6 fondatrices piégées pour 195 nids répertoriés. L’année suivante,10 fondatrices pour 485 nids recensés !

 Les modèles de pièges circulant sur Internet et réalisables en un tournemain se vantent d’être sélectifs. La réalité est qu’il y a une mortalité cachée à ces pièges et on ne connaît pas encore l’impact exact des campagne de piégeage sur la faune locale.

 1 089 insectes capturés par semaine

En 2009, à Bordeaux, une étude menée sur ces pièges (une bouteille renversée avec un liquide sucré au fond ) a montré que seuls 0,55% des prises étaient des frelons asiatiques, et qu’en revanche chaque piège capturait 1 089 insectes en moyenne par semaine. En rajoutant une sortie pour les petits insectes, la sélectivité s’améliorait nettement, avec 6 insectes par piège et par semaine, mais seulement 1% de frelons.

Comment faire ?

Si les grandes manœuvres de piégeage de printemps des reines se révèlent nulles ou presque contre Vespa velutina, reste qu’il faut protéger les ruchers des attaques.

Des expériences menées avec des apiculteurs ont montré que les pièges à bière ou à jus sucré, disposés trop loin des ruches, demeuraient inefficaces. Mais qu’en revanche les pièges façon bouteille renversée, disposés tout près des ruches et bien appâtés, pouvaient limiter les dégâts.

L’idéal étant d’avoir recours au jus de cirier fermenté : la cire des cadres de la ruche, fondue dans de l’eau et mélangée avec du miel, attire immanquablement les frelons asiatiques. Si l’impact pour les autres insectes est moindre, les dommages collatéraux pour la ruche sont certains.

Un outil contre le stress des abeilles

frelon asiatique et ruche Un apiculteur béarnais a mis au point une muselière, méthodes plus douces pour cohabiter avec les Vespa velutina. Ce grillage à mailles suffisamment larges pour laisser sortir les abeilles, mais trop étroites pour laisser entrer les frelons, protègent les ouvrières lorsqu’elles se placent sur leur planche d’envol, à l’entrée de la ruche, lieu favori des attaques du prédateur.

 Les résultats sont plutôt concluants et ce système éviterait le stress des abeilles. Les chercheurs soupçonnent en effet que les colonies d’abeilles domestiques meurent non pas parce qu’elles sont décimées par le frelon, mais parce qu’elles deviennent trop stressées pour sortir de la ruche. S’affaiblissant alors fortement, elles ne survivent pas à l’hiver ou aux maladies.

 Et en attendant…

En attendant la mise au point d’appâts à base de phéromones, qui permettraient d’améliorer fortement l’efficacité des pièges sans tuer tout ce qui vole autour, la colère gronde dans les jardinets et les haies des pavillons de banlieue. Le réseau des centres antipoison français n’a pourtant pu établir aucune corrélation entre l’arrivée de Vespa velutina et une éventuelle augmentation des piqûres d’hyménoptères en France. La haine des immigrés, même ailés ?

Référence : http://www.terraeco.net/

 


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